mercredi 28 septembre 2011

That's a wrap !


La dernière journée de tournage de Lapse fut détendue, mais productive et riche en événements.
Une fois n'est pas coutume, nous avons démarré à une heure décente, 9h du mat'.
Nous avions rendez vous dans le 16e, a deux pas de la Porte de Saint Cloud. La configuration, c'était "équipe réduite". Il y avait l'inamovible Julien Jaunet au cadre et a la photographie,


Adrien Amboise et Arthur Claisse en assistants camera,



Maheer Hadj-Hassen a la régie, 



Patrice Goldberg au making of 




et Laurent Ferriere en supervision Effets Spéciaux. 


Pourquoi Laurent était-il présent ? Parce que nous devions tourner une séquence d'accident de la route (piéton vs automobile) et que j'avais choisi la voie des effets spéciaux pour mettre cette séquence en boite.
En effet, j'avais eu une réunion lundi dernier avec l'excellent Manu Lanzi, pour aborder l'eventualité de shooter cette séquence en caméra embarquée, sur un cascadeur. Tout comme Vincent Gatinaud (qui collabore avec Manu Lanzi) me l'avait lui aussi expliqué, cette solution était tout a fait envisageable mais comportait un inconvénient de taille : il fallait bousiller une bagnole. Capot, pare-brise, toit, la voiture allait ramasser, c'etait certain.
N'ayant sous la main personne prêt a sacrifier son véhicule sur l'autel du cinéma, je ne pouvais me résoudre a :
- acheter une bagnole d'occase
- la faire assurer
- payer la carte grise
Pour l'envoyer a la casse le lendemain.



Du coup, j'ai opté pour la solution économique. L'idée de Laurent était de faire asseoir le cadreur sur la capot de la voiture. La voiture roulerait en marche arrière, à faible allure. Le cadreur descendrait du capot, panoterait dans la direction opposée et ferait 3 pas en arrière. Au montage, nous truquerions le plan en inversant le sens de lecture de la vidéo. 




Sur des bonus de films en DVD, j'avais vu pas mal de séquences d'accidents truquées ainsi. Le soucis, c'est que la seule voiture dispo aujourd'hui était la Toyota Aygo de Patrice. Je ne sais pas si vous avez déjà vu une Toyota Aygo, mais le capot est tellement court et tellement plongeant qu'il est virtuellement impossible de faire tenir quelqu'un dessus. Julien a essayé avec un 7D, il a immédiatement glissé, arrachant au passage la plaque d'immatriculation du malheureux véhicule.




















Vu que personne n'avait envie de prendre le risque que Julien se gamelle sur le bitume parisien avec 45 000 euros de matériel sur l'épaule, nous avons du trouver une autre solution. 
Simple.
Efficace.
Patrice, au volant de son bolide, arriverait lancé sur Julien, et freinerait juste avant l'impact. Comme ça, ça fait un peu peur. Mais par le truchement de la magie du cinéma, nous avons fait en sorte que Patrice ne roule pas très vite et que la focale, un poil plus longue que la norme, accentue la sensation de proximité. Cependant, Julien n'était pas totalement rassuré au moment de se jeter sur le capot de la voiture. Autant je le comprenais tout à fait, autant je me suis surpris à le pousser dans le dos pour le faire se (quasi) jeter sur le capot, par soucis de réalisme. Serais-je devenu un ignoble tyran ?



Nul ne le sait.
Quoi qu'il en soit, nous avons fait une petite dizaine de prises en mode "Sebastien Loeb debout sur les freins" et au final, nous avons mis quelques bonnes prises dans la boite. Enfin, on imagine. Car figurez vous que le firmware actuel de l'EPIC ne permet pas de revoir les prises que l'on vient de tourner. A une époque où tout un chacun est habitué à IMMEDIATEMENT contrôler ses photos / vidéos sur un écran LCD, ça fait bizarre... On a l'impression de tourner en pelloche. Sans filet. Un peu stressant tout de même.
Léna Perdu, qui nous avait rejoint avant cette séquence, nous invite à enchaîner sur la séquence suivante. Il est déjà 11h45, et nous n'avons qu'un seule plan dans la boite.



On enquille avec les plans qui nous manquent




Puis nous filons déjeuner.
Nous débarquons vers 15h au square du bout de l'île Saint Louis, qui donne sur le début du boulevard Henri IV, après le Pont de Sully. C'est un endroit très sympa, avec une vue imprenable sur les rives de Seine, les péniches, y'a de la verdure, bref, c'est assez bucolique pour du Paris intra muros.


Nous entreposons les valises (les pro disent les "fly case") de matériel derrière un recoin, à proximité d'une porte battante qui donnent sur des escaliers qui descendent sur les bords de Seine. Nous nous apercevons vite qu'il y a pas mal de passage et décidons de changer le matériel de place, après cet épisode plutôt drôle : un type grimpe les escaliers, passe le portique et s'arrête devant notre matériel. Presque par réflexe, nous nous approchons, l'air de rien. Le type me regarde et me lance :
- "Tu te crois Zguègue ?"
A ce moment là j'ai un gros doute sur le sens de l'interrogation qui m'est adressée. et un doute encore plus grand sur ma compréhension de l'interrogation en question. Mes connaissances linguistiques classent le mot "zguègue" en synonyme de "zizi". Du coup, j'ai un peu de mal à cerner le sens précis de la question. Je hasarde un :
- "comment ?"
- "Tu te crois Zguègue, c'est ça ?"
Avant que je ne puisse exprimer la moindre moue d'incompréhension, mon interlocuteur se tourne vers Julien, qui vient de remonter ses Ray Ban sur le front, comme pour mieux prendre la mesure de la question qui m'était posée. L'ayant remarqué, notre interlocuteur interpelle immédiatement Julien :
- "Pourquoi tu remontes tes lunettes toi ? Tu veux me mettre un coup de boule, c'est ça ?"
Julien, qui a visiblement pris diplomatie en langue vivante 2 au collège, lui répond très calmement :

- "Pas du tout. Y'a aucun problème."

Vaguement rassuré, le type marmonne quelque chose d'inintelligible avant de s'éloigner.
Au final, nous aurons croisé un nombre assez surprenant d'étranges énergumènes, lors des tournages en extérieurs.
Nous nous installons donc à l'écart, et au calme. Nous sortons la caméra et lançons quelques tests, en attendant Elsa Kikoïne, qui arrive vers 16H. Elle est a gros rhume et n'a pas beaucoup dormi la nuit dernière. A la caméra, ça ne se voit pas, la preuve par l'image :


Magie du cinéma et des doigts de fée de Tiffany Fouqueil, notre maquilleuse bien aimée.



Mon pote Sébastien Badreau nous fait le plaisir d'une petite visite


Juste avant, nous avions eu la visite de Benjamin Charier, notre bien aimé ingénieur du son




Puis nous commençons à shooter les séquences de souvenirs. C'est un moment de recherche esthétique pure, j'ai le sentiment d'être en train de shooter une "pub beauté". Le genre de sensation relativement rare sur de la fiction. Julien prend son pied et il a raison, malgré nos objectifs assez moyens, ça flare de partout, l'image est superbe, l'EPIC n'a pas usurpé sa réputation.


Nous bouclons vers 18h30, peu avant que le soleil ne devienne trop rasant. Arthur et ADrien shootent quelques plans supplémentaires avec l'EPIC. Leur excitation fait plaisir à voir. On dirait deux fans de tennis qui ont enfin la possibilité de jouer un match, après 15 jours de Roland Garros télévisé quotidien.
Cet à ce moment que le gardien du square débarque, pour nous prévenir de la fermeture imminente du lieu. En apercevant tout notre matériel, il nous apostrophe :
- "Vous aviez une autorisation pour tourner ?"
En une fraction de seconde, nous sentons poindre l'embrouille. On va lui répondre qu'on a pas d'autorisation, il va nous demander nos noms, on va botter en touche et il va finir par appeler la Police pour nous verbaliser. Comment détaler comme des lapins avec 12 valises de matos dans les bras ?
C'est Julien qui dégaine le premier : "Nous n'avons pas tourné dans le square, mais dehors, dans la rue (ce qui est partiellement vrai, on a shooté beaucoup de pans sur Elsa dans les rues adjacentes). Nous avons simplement entreposé notre matériel ici".
- "D'accord. Vous savez qu'il faut une autorisation pour tourner ici, hein ?"
- "oui oui, on sait"
- "Bien. Vous savez, c'est pas moi qui fait les lois. je ne fais que les appliquer."
- "Pas de problème".

Un petite mensonge vaut mieux qu'une petite embrouille, c'est la leçon que nous avons mise en application aujourd'hui.




Nous avons finalement shooté 500 Gigas (!!) de rushes, va falloir aller faire pédaler une connexion Firewire 800 pour nous transférer tout ça.
Au final, le bilan de cette journée est bien positif. Nous avons shooté des beaux plans, qui manquaient au montage. J'ai hâte de monter tout ça avec Audrey.

Officiellement, aujourd'hui était le dernier jour de tournage. J'ai eu plaisir à retrouver une petite partie de l'équipe, et les autres m'ont manqué. J'ai hâte de les revoir tous.

Pour l'instant place au montage et à la post prod. J'ai envie de vous dire : "A bientôt !"


6 commentaires:

  1. Hé ben moi j'ai envie de dire vivement la projo !!
    Bon courage pour la partie post-prod...

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  2. Heyy !!
    Cool de vous lire monsieur Guerraz !!
    On se doute que le résultat sera excellent !!

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  3. On veut lire le blog sur la post prod aussi, et voir Audrey...

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  4. Tout ce qui est raconté après le tournage, c'est de la post prod ! Et je veux une photo de toi avant de poster des photos d'Audrey ;-)

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  5. Puis nous commençons à shooter les séquences de souvenirs. C'est un moment de recherche esthétique pure, j'ai le sentiment d'être en train de shooter une "pub beauté". Le genre de sensation relativement rare sur de la fiction. Julien prend son pied et il a raison, malgré nos objectifs assez moyens.

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  6. Salut! juste un petit mot rapide pour vous dire que j'ai bien appécié lire votre blog. J'ai beaucoup recherché ce type d'information. Bonne continuation!
    Agence Hotesses Accueil Lyon

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