vendredi 28 octobre 2011

v3 du montage bouclée !

Après une première version du montage qui me laissait avec quelques questions métaphysiques auxquelles l'absence de réponses allait perturber mon sommeil et mon appétit (nan, pas mon appétit en fait), il y eut une deuxième version bien meilleure, remixée par "Magic Simone" alias Audrey Simonaud. S'ensuivirent tout un tas de discussions avec Julien Jaunet, Olivier Lefebvre, Vincent Londez, Steven Spielberg, Laurent Ferrière, qui m'ont tous donné leur avis sur le montage et formulé moult remarques.

Nous avons alors entrepris Audrey et moi, de procéder à des changements en profondeur pour remanier le montage en vue d'une v3 la plus aboutie possible.
Ce qui a occasionné une bonne grosse journée de montage comme je les aime (10h-21h30), pas mal de nouvelles discussions, des essais, des errances, des réussites et des tours de magie (copyright Magic Simone) comme une séquence qui fonctionnait pourtant bien mais avait encore un petit "je-ne-sais-quoi" qui me perturbait encore légèrement à chaque revisionnage.
Le genre de problème typique que l'on rencontre au montage où l'on sent que quelque chose n'est pas exactement en place, mais on est incapable de mettre le doigt dessus. Question de rythme ? Un plan qui ne fonctionne pas ? Impossible de répondre. Ça me rendait dingue, de mauvaise humeur et pire : de mauvaise foi.

Audrey a eu subitement la "vista" hier soir. D'un coup, sans prévenir, elle a sorti les ciseaux virtuels et s'est mise à remonter cette séquence de manière subtile et efficace pour en extraire la "substantifique moëlle", dans LE rythme parfait. A l'instar de Sainte Thérèse d'Avila en pleine période de doute, j'eus la révélation qu'il ne pouvait plus en être autrement.
J'ai ressenti alors la même impression que lors du montage du Prebloc : je venais d'assister à un tour de magie.
Ça marche pas, ça marche pas, ça marche pas... regarde bien... et hop ! Ça marche !
5mn chrono, pof badaboum, en voiture Simone.

Tout cela est très excitant, "Lapse" commence à ressembler de plus en plus à un film terminé. Ce qui ne veut pas idre pour autant que le montage est terminé. J'ai d'ailleurs toujours 2-3 plans manquants à shooter très prochainement. Mais je sens qu'on approche de la fin... du montage image. Et qu'on va bientôt pouvoir commencer le montage son, l'étalonnage, le mixage son, la composition musicale,...
Il reste encore beaucoup de travail, mais la piste est ascendante. Et elle est solide.
C'est un sentiment positif et motivant, qui me donne envie de manger la terre entière (ainsi qu'un couscous Royal Brochettes-Méchoui-Merguez-Poulet).

A très bientôt



mercredi 26 octobre 2011

En prépa des effets spéciaux


Hier aprèm', on a fait une réunion au sommet avec Laurent Ferrière, notre superviseur Effets Speciaux. En guise de réunion au sommet, nous nous sommes retrouvés tous les deux devant la version actuelle du montage de "Lapse". Après un visionnage pour la forme (Laurent découvrait le film "terminé") et un second visionnage pour les explications, il s'avère qu'on a pas mal de plans à truquer. Rien de bien lourd toutefois, mais une succession de détails qui au final, auront leur importance.
Par exemple, nous avons utilisé deux taxis pendant le tournage. Le hasard a fait que nous sommes tombés sur deux taxis non parisiens. Le premier était estampillé "Ville d'Avray" tandis que le second affichait fièrement "Sèvres". Etant donné que l'action est censée se dérouler à Paris, ça fait un peu désordre. Il va donc falloir truquer ça en post prod pour remplacer les deux noms de villes par "Taxi Parisien".
Lors d'une autre scène, Victor, le personnage interprété par Vincent Londez, dévoile à Julia (Elsa Kikoïne), sa chemise tâchée de sang, pour lui prouver qu'il y a eu du grabuge et qu'il n'est pas en train de la pipoter. Sauf qu'à l'image, ça ne fonctionne pas terrible. On ne voit pas assez de sang. On va donc élargir la tâche en post prod et lui donner la texture que l'on souhaite (sang frais, sang séché, etc...). C'est le genre d'effet peu spectaculaire mais qui contribue réellement à la cohérence de la narration.
Laurent est ravi. Ça lui change des effets "habituels" où on lui demande d'animer des monstres en 3D ou de faire exploser des immeubles.
A très vite.

jeudi 20 octobre 2011

Le film est monté ! Vivement le (re)montage !

 

C'est officiel, la v1 de "Lapse" est montée. 25 minutes de film, pas moins. C'est une première version, une version de travail, du "work in progress", on appellera ça comme on voudra, mais toujours est-il qu'il est très grisant de visionner son film de bout en bout pour la première fois.
En parlant de ça, je crois que j'ai un problème avec les visionnages.
La première fois, je suis en état d'émerveillement, proche de l'extase, comme un gosse au pied du sapin, lorsque je constate que "la magie du cinéma" a opéré. On a pris des plans tournés dans le désordre, on les a mis dans l'ordre sur la timeline et hop ! On a une histoire. C'est fantastique. Avec un peu de bol, on tombe en admiration devant la beauté d'un plan, et ça, ça vaut toutes les cacahouètes du monde.
Mon problème, c'est que je supporte moins bien les visionnages suivants.
Plus je visionne, plus les défauts m'apparaissent, les erreurs deviennent évidentes, je m'agace intérieurement d'avoir "raté" tel ou tel truc, et d'avoir finalement perverti l'idée initiale de telle ou telle scène. 


Objectivement, je pense que je sur-réagis légèrement, dans un sens comme dans l'autre. Extase, déprime, c'est probablement exagéré (même si je considère ces réactions nécessaires dans mon processus de "digestion" de l'étape de montage).
C'est pour ça que je visionne encore et encore et au bout du 10e ou 12e visionnage, je prends enfin le recul nécessaire au jugement guidé par l'objectivité. Rien ne sert de danser la polka ou d'aller se jeter dans la Seine, l'objectif est de resserrer, d'améliorer, de chercher encore et toujours à tirer l'ensemble vers l'équilibre, le plus juste, vers le haut.


Tout ça pour dire que la V1 est terminée, et qu'on a encore du boulot pour boucler une V2 digne de ce nom. A partir de laquelle on fera une V3, puis une V4, puis un jour, peut-être, lorsqu'on aura amélioré tout ce qu'il y a d'améliorable, qu'on aura resserré tout ce qu'il y a de resserrable, et qu'on aura accepté les imperfections du film, il sera alors temps de vous inviter à la projection.
En attendant ce jour, y'a encore du pain sur la planche...

mercredi 19 octobre 2011

shoot et reshoot

Nous avons monté avec Audrey 24 minutes de film. Il ne manque que la dernière séquence. 24 minutes, c'est long. Alors on a resserré un peu. Essentiellement les passages où le personnage principal erre dans les rues de Paris, redécouvrant son environnement (il est amnésique, vous vous rappelez ?) et des passages où il cherche des informations dans son appartement. Faire avancer l'intrigue sans s’appesantir, tel était notre leitmotiv.

Le début me plaît vraiment bien, mais j'ai encore quelques problèmes avec la séquence de gunfight. Elle fonctionne, mais elle pourrait être un peu plus intense. La faute au manque de temps, probablement, lorsque j'entends dans les making of des gros films américains, qu'ils prennent parfois 5 ou 6 jours pour mettre en boite des grosses scènes d'action, pas nécessairement très longues. L'action, à moins de partis pris façon "Les fils de l'homme", c'est beaucoup de découpage. Soit t'as 12 caméras sur ton tournage, soit tu tournes plusieurs jours. Nous on avait 1 caméra, deux DSLR et une seule journée et ça se sent un peu à l'image. Du coup, ça ne m'étonnerait pas que je shoote très prochainement quelques plans additionnels, histoire d'intensifier tout ça.
Bon, allez, j'y retourne.

vendredi 14 octobre 2011

Tests, flares et flous

J'ai profité d'une journée où Audrey bossait pour Canal + pour bidouiller des tests visuels sur After Effects, sur la séquence de rêves / souvenirs. Les images de l'EPIC sont toujours aussi belles, même si la quantité de flous / flares ne permet pas de jauger la caméra à sa juste valeur. Heureusement qu'on a tourné d'autres séquences pour voir ce que la bête avait dans le ventre. Un cran au dessus de la RED MX (qui est déjà une excellente caméra), l'EPIC est impressionnante.
Les rushes de rêves n'étant pas assez flous à mon goût, j'ai joué avec des filtres qui simulent l'effet obtenu par un objectif à décentrement / à bascule (a.k.a. "Tilt shift")
Un objectif Tilt Shift, késaco ?
Il s'agit d'un objectif qui permet d'incliner les lentilles par rapport à la surface sensible. Cette inclinaison permet un réglage de mise au point qui ne sera pas le même sur toute la photo. Grâce à la bascule, la netteté peut être réglée à l'infini sur l'un des bords de la photo et à une courte distance pour l'autre bord.
Quelques exemples par l'image :




























Nous avions discuté avec Julien Jaunet de l'éventualité d'utiliser un objectif de ce type pour shooter les séquences souvenirs. Mais dans le feu de l'action et le tourbillon des dépassements budgétaires, nous avions finalement tourné avec des objectifs traditionnels. Au visionnage des rushes, j'ai bien senti que "l'effet Tilt Shift" manquait quelque peu. Aussi, j'ai décidé d'expérimenter quelques heures, en tâtonnant avec les réglages des filtres After Effects. Il y a encore pas mal de choses à finaliser, mais je pense être sur la bonne voie. L'idée est de suggérer plus que de montrer, et si possible de manière un rien esthétique.
Pour toi lecteur / lectrice, en exclusivité intergalactique, voici le premier screenshot de "Lapse". Il s'agit d'un JPEG obtenu à partir d'une image tournée en EPIC, non étalonnée, puis bidouillée sous After Effects (cliquez sur l'image pour l'agrandir).


lundi 10 octobre 2011

Calm like a bomb

Alors que le montage avance, lentement mais sûrement, je me surprends à faire des mini crises d'angoisse.
Jusqu'à présent, je me considérais comme un type plutôt "cool" (sang froid, self control, tout ça) face à aux épreuves "normales" mais importantes qui jalonnent une vie. Je suis toujours arrivé détendu aux examens scolaires et universitaires, à l'examen du permis de conduire, à mes rendez-vous professionnels (à l'exception notable de mon tout premier entretien d'embauche dans l'informatique où j'avais débarqué plus tendu que le tissu du maillot de bain rouge sous dimensionné de Pamela Anderson dans "Alerte à Malibu").


Aujourd'hui, je m'endors chaque nuit et me réveille chaque matin avec l'angoisse d'avoir oublié de tourner un plan capital, la peur de ne pas réussir à faire décoller une scène importante, la crainte de livrer un film trop superficiel, qui ne s'intéresse pas assez à ses personnages...

Objectivement, à la réflexion, mes peurs ne sont pas complètement justifiées. Il doit manquer un insert utile mais pas indispensable que je dois pouvoir shooter en 5D quand je veux. Je pourrais shooter 2-3 plans supplémentaires pour me détendre (chacun son truc), mais il ne manque fondamentalement rien d'indispensable à la bonne narration du film. Pour le reste on doit être bons. A l'instar des phobies et autres peurs déraisonnées, mes angoisses s'avèrent être sans fondement.

Je garde pourtant à l'esprit la peur de livrer un film pas aussi bon qu'il aurait pu être, comme à chaque fois que je réalise quelque chose.  La seule fonction que j'attribue à mes angoisses est celle de me pousser à avancer avec circonspection durant la post production, ne rien considérer comme acquis.
J'ai croisé pas mal de réalisateurs angoissés. Certains jusqu'à l'excès : je me souviens d'un pote réal qui m'avait téléphoné en panique pour me dire avec des trémolos dans la voià moi le forçat du 48 hour film project, que son chef op' l'avait laissé tombé... 3 semaines avant le début du tournage de son court-métrage.
Je lole, tu loles, il lole, nous lolons, vous lolez, ils lolent.
L'angoisse comme moteur à la création, c'est finalement assez bateau comme sujet ça non ?
Je suis normal, me voilà rassuré.

A bientôt !

lundi 3 octobre 2011

Dans le vif du sujet




Bonne journée de montage aujourd'hui, où nous avons eu le plaisir très ludique de commencer à monter la séquence de gunfight. On dira ce qu'on voudra, monter une séquence d'action c'est le panard. On travaille le rythme et l’enchaînement des plans aux petits oignons, les images "payent", c'est un exercice plutôt gratifiant.
Nous avons monté les 3/4 de la scène avec Audrey, la "V1 du gunfight" est presque prête. On laissera ensuite reposer quelques jours avant de la reprendre, avec un minimum de recul. 
Audrey a également monté une séquence assez difficile, dans laquelle Vincent Londez et Elsa Kikoïne ont une discussion animée, sur le boulevard Vincent Auriol, dans le 13e arrondissement.
Les raccords étaient infernaux : des bus dans le cadre (bruyants et pas raccord d'un plan à l'autre), des passants qui regardent la caméra, un électro qui traverse le champ (malgré lui) sur une prise qui était super au jeu (ça s'efface facilement en post prod les électros ?), des klaxons, des chiens qui aboient, des différences de luminosité... La scène fonctionne, mais y'a encore pas mal de boulot dessus.  Je sens qu'on va bien s'amuser à l'étalonnage et au mixage.
Au final, le montage avance à vitesse raisonnable, et il avance dans la bonne direction. Nous prenons le temps d'étudier diverses possibilités dans chaque séquence, essayons des choses, les défaisons, les refaisons, c'est stimulant de prendre le temps de réfléchir en profondeur à chaque enchaînement de plan. J'ai le sentiment d'être très attentif au tempo des séquences, beaucoup plus que d'habitude. J'aime "poser" les scènes, ne pas avoir l'impression de les expédier. Du coup, j'ai un peu peur de la durée finale du film... Ira t-on au delà de 25 minutes ? Au delà des 30 minutes ? J'espère que non, sans quoi ça nous ruinerait nos chances avec bon nombre de festivals. 
On essaiera de faire au mieux, en gardant à l'esprit qu'il vaut mieux un film long et bon, qu'un film raccourci et déséquilibré.


P.S. L'anecdote du jour, c'est qu'Audrey a reconnu dans les rushes Pierre-Ange Le Pogam qui passait par hasard dans le champ d'une des caméras, pendant le gunfight. Ce prestigieux figurant malgré lui ne devrait cependant pas apparaître dans le montage final...

P.P.S. La photo en début d'article n'est nullement truquée. La flamme bizarroïde est celle qui sortait du revolver à blanc au moment du coup de feu. Si je vous dis qu'il s'agissait de quarts de charge, vous imaginerez la taille de la flamme de charges complètes.