Impossible de m'endormir hier soir.
J'avais un paquet de trucs en tête, je revisualisais mon découpage pour la 27e fois, et trainais sur Facebook où je n'hésitais pas à fanfaronner à 2h du mat' : "le sommeil, c'est has been, non ?".
Forcément, à 6h45 ce matin, je faisais beaucoup moins le malin. Une douche froide et un café m'ont aidé à recouvrer mes esprits, et hop ! Direction Bastille, à l'appart de ma pote Marie chez qui nous avons prévu de tourner toute la journée.
Une partie de l'équipe est déjà sur place. Les consignes du syndic sont strictes : ne pas entreposer de matériel dans l'immeuble, ne pas tourner dans les parties communes, etc.
En bon cerbère, le concierge fait mine de s'affairer au bas de l'immeuble tout en nous observant du coin de l'oeil.
Nous démarrons par des plans en extérieurs que nous étions censés tourner la veille, mais nous n'avions pas eu le temps. Nous shootons Vincent Londez dans la rue, puis devant l'immeuble de Marie.
Et soudain...
Le concierge, toujours a l'affut, nous demande si nous avons l'intention de tourner juste devant l'immeuble.
Nous lui répondons par l'affirmative.
Il nous demande alors sournoisement si nous avons l'autorisation. Au bluff, on lui dit qu'on l'a. Immédiatement, il nous reprend de volée :
- "vous avez l'autorisation pour tourner dans l'appartement et dans la rue, mais pas dans l'enceinte de la propriété. C'est une propriété privée."
Ouch.
Gentiment, Cécile, notre régisseuse de choc, lui explique que nous n'avons qu'un seul plan a tourner et que ça ne prendra pas plus de dix minutes.
Le concierge sort alors la plus cinglante des répliques :
- "si vous tournez ici, j'appelle la Police".
J'ai peu dormi et suis assez irritable. Sur le coup j'ai très envie de lui demander s'il n'a rien d'autre à foutre de sa journée que de nous empêcher de tourner, virgule, "connard", point.
Dans un effort couteux, je parviens a me retenir. J'ai pas envie de mettre Marie en porte-à-faux avec son concierge. Si ça tourne mal, c'est elle qui en pâtira.
Du coup, nous le prenons au mot et tournons sur la voie publique, en plaçant la caméra à quelques centimètres a peine de la "propriété privée". Il ne peut rien dire, et ne dit rien.
Mon pote réalisateur Yannick Pecherand est venu nous voir, et a fait une figu sur le tournage et des photos (dont les 3 premières de cet article).. Un autre pote, Michael Prévi, est passé également et m'a dit avoir été impressionné par la débauche de moyens. Et moi qui pensais qu'on tournait un court-métrage low budget ;-)
Nous avons ensuite enchaîné avec les plans à l'intérieur de l'appartement. Le tournage fut quelque peu laborieux. L'équipe était au taquet, comme tous les jours. Mais nous avions une tripotée de plans explicatifs à tourner, des inserts en tous genre.
Et les inserts, c'est chiant.
Faut passer 1/2h à installer un plan qui est shooté en 2mn30, et qui ne durera que quelques secondes à l'image.
A cela s'ajoute le fait que je n'avais que 4h de sommeil dans les pattes et était loin d'être au top du dynamisme sur le plateau. Heureusement Léna, la première assistante, a donné le tempo en faisant avancer le schmilblick à grande vitesse. Malgré tout, nous avons terminé avec 2h de retard sur l'horaire prévu. Pas atroce si l'on considère qu'on a commencé la journée en tournant des plans prévus la veille, mais c'est toujours désagréable d'imposer des heures supplémentaires à l'équipe, sur la brèche depuis 7h du matin.
Il est très difficile de garder un tournage "dans les clous". Pour une raison très simple. Chaque intervenant prêche pour sa paroisse.
Le directeur photo est prêt à enchainer les prises, tant que le résultat n'est pas techniquement satisfaisant.
La première assistante réal est prête à zapper un plan jugé non indispensable si ça peut permettre de terminer la journée à l'heure.
Les acteurs sont parfois enclins à multiplier les prises plus que de raison pour avoir "LA" prise géniale qui effacera toutes les précédentes.
L'ingénieur du son est prêt à arrêter une prise excellente au jeu et à l'image si quelque chose cloche au son.
Et le réalisateur a envie de refaire et refaire les prises tant qu'il n'obtient pas ce qu'il désire.
Non, je n'enfonce pas des portes ouvertes (même si j'en ai l'air). Ce que je dis, c'est que TOUS les intervenants ont des intérêts à la fois convergents (faire un bon film) et divergents. Trouver des compromis devient alors difficile et au final, ce ne seront par définition que des compromis.
Bon, faut pas croire non plus qu'on a passé la journée au bagne, hein ?
On s'est pas mal éclaté, On a shooté quelques plans excitants, comme ce plan séquence, où Vincent fouille tout l'appart'. Julien au cadre et Benjamin au point on un peu galéré pour tout suivre en temps réel au 50mm, mais le jeu en valait la chandelle.
On a fini avec un plan sur le balcon, à la "magic hour", où Vincent contemple Paris. Depuis le 10e étage de l'immeuble, la vue était imprenable. Avec Julien, on s'est fait un festival de flares, de zones surexposées par le soleil orangées, etc... On était excités comme deux adolescents le jour de la boum de fin d'année.
La photo ci-dessous shoote à l'iPhone ne rend guère justice à l'image produite par la RED.
Pressés par le temps, nous avons oublié de shooter un plan (mineur, mais c'est quand même énervant). J'espère ne plus réitérer cette erreur de toute la semaine.
Demain, on tourne en extérieur jour sur les quais de Seine, ce sera le milieu de la semaine, il ne s'agira pas de ralentir la cadence, bien au contraire.
Va falloir continuer à enquiller.
"c'est fatigant de faire des films mais pour rien au monde je ne travaillerai pour de bon" (Woody Allen)
Merci également à Laurent Ripoll et à Fabrice Caudron pour les photos de tournage d'aujourd'hui !
J'avais un paquet de trucs en tête, je revisualisais mon découpage pour la 27e fois, et trainais sur Facebook où je n'hésitais pas à fanfaronner à 2h du mat' : "le sommeil, c'est has been, non ?".
Forcément, à 6h45 ce matin, je faisais beaucoup moins le malin. Une douche froide et un café m'ont aidé à recouvrer mes esprits, et hop ! Direction Bastille, à l'appart de ma pote Marie chez qui nous avons prévu de tourner toute la journée.
Une partie de l'équipe est déjà sur place. Les consignes du syndic sont strictes : ne pas entreposer de matériel dans l'immeuble, ne pas tourner dans les parties communes, etc.
En bon cerbère, le concierge fait mine de s'affairer au bas de l'immeuble tout en nous observant du coin de l'oeil.
Nous démarrons par des plans en extérieurs que nous étions censés tourner la veille, mais nous n'avions pas eu le temps. Nous shootons Vincent Londez dans la rue, puis devant l'immeuble de Marie.
Et soudain...
Le concierge, toujours a l'affut, nous demande si nous avons l'intention de tourner juste devant l'immeuble.
Nous lui répondons par l'affirmative.
Il nous demande alors sournoisement si nous avons l'autorisation. Au bluff, on lui dit qu'on l'a. Immédiatement, il nous reprend de volée :
- "vous avez l'autorisation pour tourner dans l'appartement et dans la rue, mais pas dans l'enceinte de la propriété. C'est une propriété privée."
Ouch.
Gentiment, Cécile, notre régisseuse de choc, lui explique que nous n'avons qu'un seul plan a tourner et que ça ne prendra pas plus de dix minutes.
Le concierge sort alors la plus cinglante des répliques :
- "si vous tournez ici, j'appelle la Police".
J'ai peu dormi et suis assez irritable. Sur le coup j'ai très envie de lui demander s'il n'a rien d'autre à foutre de sa journée que de nous empêcher de tourner, virgule, "connard", point.
Dans un effort couteux, je parviens a me retenir. J'ai pas envie de mettre Marie en porte-à-faux avec son concierge. Si ça tourne mal, c'est elle qui en pâtira.
Du coup, nous le prenons au mot et tournons sur la voie publique, en plaçant la caméra à quelques centimètres a peine de la "propriété privée". Il ne peut rien dire, et ne dit rien.
Mon pote réalisateur Yannick Pecherand est venu nous voir, et a fait une figu sur le tournage et des photos (dont les 3 premières de cet article).. Un autre pote, Michael Prévi, est passé également et m'a dit avoir été impressionné par la débauche de moyens. Et moi qui pensais qu'on tournait un court-métrage low budget ;-)
Nous avons ensuite enchaîné avec les plans à l'intérieur de l'appartement. Le tournage fut quelque peu laborieux. L'équipe était au taquet, comme tous les jours. Mais nous avions une tripotée de plans explicatifs à tourner, des inserts en tous genre.
Et les inserts, c'est chiant.
Faut passer 1/2h à installer un plan qui est shooté en 2mn30, et qui ne durera que quelques secondes à l'image.
crédit Laurent Ripoll |
A cela s'ajoute le fait que je n'avais que 4h de sommeil dans les pattes et était loin d'être au top du dynamisme sur le plateau. Heureusement Léna, la première assistante, a donné le tempo en faisant avancer le schmilblick à grande vitesse. Malgré tout, nous avons terminé avec 2h de retard sur l'horaire prévu. Pas atroce si l'on considère qu'on a commencé la journée en tournant des plans prévus la veille, mais c'est toujours désagréable d'imposer des heures supplémentaires à l'équipe, sur la brèche depuis 7h du matin.
Crédit Laurent Ripoll |
Il est très difficile de garder un tournage "dans les clous". Pour une raison très simple. Chaque intervenant prêche pour sa paroisse.
Le directeur photo est prêt à enchainer les prises, tant que le résultat n'est pas techniquement satisfaisant.
La première assistante réal est prête à zapper un plan jugé non indispensable si ça peut permettre de terminer la journée à l'heure.
Les acteurs sont parfois enclins à multiplier les prises plus que de raison pour avoir "LA" prise géniale qui effacera toutes les précédentes.
L'ingénieur du son est prêt à arrêter une prise excellente au jeu et à l'image si quelque chose cloche au son.
Et le réalisateur a envie de refaire et refaire les prises tant qu'il n'obtient pas ce qu'il désire.
Non, je n'enfonce pas des portes ouvertes (même si j'en ai l'air). Ce que je dis, c'est que TOUS les intervenants ont des intérêts à la fois convergents (faire un bon film) et divergents. Trouver des compromis devient alors difficile et au final, ce ne seront par définition que des compromis.
Bon, faut pas croire non plus qu'on a passé la journée au bagne, hein ?
On s'est pas mal éclaté, On a shooté quelques plans excitants, comme ce plan séquence, où Vincent fouille tout l'appart'. Julien au cadre et Benjamin au point on un peu galéré pour tout suivre en temps réel au 50mm, mais le jeu en valait la chandelle.
On a fini avec un plan sur le balcon, à la "magic hour", où Vincent contemple Paris. Depuis le 10e étage de l'immeuble, la vue était imprenable. Avec Julien, on s'est fait un festival de flares, de zones surexposées par le soleil orangées, etc... On était excités comme deux adolescents le jour de la boum de fin d'année.
La photo ci-dessous shoote à l'iPhone ne rend guère justice à l'image produite par la RED.
Pressés par le temps, nous avons oublié de shooter un plan (mineur, mais c'est quand même énervant). J'espère ne plus réitérer cette erreur de toute la semaine.
Demain, on tourne en extérieur jour sur les quais de Seine, ce sera le milieu de la semaine, il ne s'agira pas de ralentir la cadence, bien au contraire.
Va falloir continuer à enquiller.
"c'est fatigant de faire des films mais pour rien au monde je ne travaillerai pour de bon" (Woody Allen)
Merci également à Laurent Ripoll et à Fabrice Caudron pour les photos de tournage d'aujourd'hui !
Passionnant Gilles ! Bonne suite a tous ! ça va être superbe ;)
RépondreSupprimerAmicalement
Alexandre DUBOSC
aaaaaaah !!! génial ! tellement beau ce timing de la "magic hour" j'aurais aimé voir ca...
RépondreSupprimerc'est trop cool de lire les récits on dirait qu'on y est :)
keep up the good work !
Passionnant, c'est le mot, ça donne envie de venir vous voir pour vous soutenir !
RépondreSupprimerBon courage Gilles. ;)