vendredi 16 septembre 2011

Repousser les limites


6h40.
Je me réveille quelques minutes avant la sonnerie du réveil, comme a mon habitude cette semaine. En temps normal, je me lève plutôt 1/4 d'heure après la sonnerie.
J'ai dormi 6h.
C'est pas mal, mais je commence à ressentir un peu la fatigue. Dans la salle de bains, le miroir me dit que je'ai une sale gueule avec mes valoches XXL sous les yeux.
Aux 2/3 du parcours, un break eut été le bienvenu. 
Mais le problème, c'est que nous avons un film a tourner.



Nous nous retrouvons Gare du nord vers 7h30.
Les aéroports ont refusé de nous laisser tourner (ou alors ils nous rackettaient 250€ de l'heure).
Et la gare routière ne nous a jamais répondu.
Nous n'avons pas le droit de tourner a l'intérieur de la Gare du Nord, mais nous allons tourner dans la rue, avec la gare du Nord en arrière plan.
Le premier plan de la journée montre Vincent Londez montant dans un taxi en face de la gare. Nous avons une Audi A6 noire, taxi a Sèvres. Du coup, pas moyen de filmer l'insigne "Taxi Sévres". Nous filmons la voiture de profil.
Le plan est dans la boite a 9h15. Nous enchainons avec des plans a l'intérieur de la voiture. Dans le scénario, il est écrit que la voiture roule pendant que Vincent reçoit un coup de téléphone.
Dans la pratique, il est impossible de faire rouler la voiture en l'éclairant. Le convertisseur allume cigare de Quentin (le chef electro) a grillé. Et sans lumière, les plans sont affreux, d'autant plus que les vitres arrières sont fortement teintées (l'intérieur du vehicule est donc légèrement plus sombre).
On décide de shooter la scène a l'arrêt, avec le groupe électrogène a portée de câble.
Le plan est beau, c'est cool.
Un insert plus tard, nous devons tourner un plan où Elsa et Vincent sont dans un taxi, qui les dépose en face de la gare du Nord.
L'arrivée de la pluie nous contraint a attendre un peu et me donne des sueurs froides en prévision des futurs faux raccord météo.



Mais on a pas le choix, il faut tourner, d'autant plus qu'il ne nous reste que peu de temps avant la pose déjeuner, nous passons alors en mode guérilleros : pas plus de 2 prises par plan.
Nous mettons tous les plans dans la boite a l'heure, et partons déjeuner au Buffalo Grill. La régie avait initialement booké un restaurant qui nous proposait soit du dos de cabillaud, soit des endives au jambon.
Ces deux options n'ont rencontre qu'un succès limité, et un vent de révolte a commencé a souffler dans les coulisses. Tant et si bien que Cécile a mis tout le monde d'accord en proposant le Buffalo Grill.
Deux syllabes magiques : BUR-GER.



En parlant de ça, on les a attendu longtemps leurs burgers ! Plus de 40 minutes.
C'est Le plan de travail qui a failli en prendre un coup.
De retour sur le tournage, a 14h bien sonnées, ça devient difficile pour moi. Je suis englué dans le coltard, la tête qui tourne à moitié, je sens quelques légère difficultés à rester debout et à articuler de manière intelligible toute phrase de plus de 3 mots.. Je suis devenu un mort-vivant. On me propose de m'asseoir, je refuse. Je sens que si je m’assois, je vais immédiatement faire le 48 hour sleep project, et que personne ne me reverra avant dimanche.
Problématique, en ce qui me concerne.
Aidé par une perfusion de café, je reprends péniblement le chemin du lieu de tournage de la prochaine scène,  au tout début de la rue de Dunkerque, juste à gauche de la gare du Nord, lorsque l'on se tient face à elle. Vu que nous avions l'autorisation de tourner devant la gare mais pas sur la "zone" de la gare, nous avons du ruser comme des guerriers Dakotas en pleine guerre des Sioux. Nous avons filmé Vincent Londez et Elsa Kikoïne SUR le trottoir de la rue de Dunkerque, AVEC la Gare du Nord en arrière plan.
Magie du cinéma, ça fonctionne à l'écran.
Merci Julien Jaunet pour cette solution efficace.



Par contre, tourner sur la rue de Dunkerque s'est avéré quelque peu Rock n' roll. Les badauds se massaient par dizaines, certains reluquant notre matériel comme des loups reluquent les brebis en période de grande famine. Des hurluberlus passaient à vélo en poussant des cris stridents et répétés, pour la plus grande joie de Benjamin Charier, notre ingénieur du son.
Des représentants de l'ordre sont venus nous demander notre autorisation de tournage, des vigiles sont venus nous demander la même chose, et un passant l'a même demandé à Cécile, notre régisseuse générale, refusant de se reculer d'un mètre comme nous le lui demandions gentiment.
Mais le summum, ce fut cet homme d'environ 25 - 30 ans, mais dont l'âge mental était manifestement resté englué quelque part au milieu des années collège, qui prenait un plaisir non dissimulé à brailler "coupez ! On la refait !!" au beau milieu des prises que nous tournions.
La première fois, tu lui fais les gros yeux, la deuxième fois, tu sens monter l'envie de lui faire avaler le trépied de la caméra.
On a également du faire "escorter" Elsa par Christophe, 1m95 110kgs, de la régie. Lorsque Elsa pénétrait à l'intérieur de la gare du Nord, elle passait immanquablement devant un groupe de types louches qui l'accostaient en lui proposant du shit ou d'autres friandises du même acabit.
Je tiens à féliciter l'équipe régie qui a déployé des trésors de patience et de diplomatie pour calmer l'énergumène, qui a fini, au bout d'interminables minutes,  par retrouver les sentiers de la raison.

Comme nous avions, pour une fois, pas mal de temps pour tourner les plans de l'après midi, je n'ai pas hésité à faire pas mal de prises au jeu avec Vincent, pour lui permettre d'explorer plusieurs options. Les choses se sont gâtées lors des inserts sur des billets qu'un personnage remet à l'autre. Nous avions des faux billets qui avaient tellement une tronche de billets de Monopoly que nous avons du faire retirer une liasse de vrais billets en urgence, tellement le plan ne fonctionnait pas. Il nous manque clairement un vrai accessoiriste sur ce tournage.


Nous avons finalement terminé la journée de tournage à 17h, un joli record par rapport aux journées précédentes. J'ai ensuite filé avec Léna Perdu et Julien Jaunet sur le lieu de tournage de notre séquence de demain, pour valider définitivement le découpage final d'une scène assez compliquée à mettre en boite.
A 21h, tout était terminé, il est temps pour moi de plonger sous la couette, m'endormir instantanément et repartir à l'assaut demain à l'aube, pour tourner le morceau de bravoure de "Lapse", une séquence de gunfight en Plein paris, mon premier gunfight.
On aura beaucoup de figurants, pas mal de plans à tourner, on va shooter à 3 caméras (si quelqu'un a un objectif Canon 70-200 stabilisé, ça m'intéresse !), Ça risque d'être difficile à faire et c'est (aussi) ça qui est bon.

A bientôt !



P.S. J'ai modifié les paramètres, on peut maintenant laisser des commentaires sur le blog sans avoir de compte Google ;-)

6 commentaires:

  1. Merci pour ces comptes rendus qui sont un vrai plaisir à lire et qui nous permettent de vivre avec toi cette très belle aventure.
    Bravo, bon courage pour ces deux derniers jours et keep the faith !

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  2. Caroline Chu-Vandevelde16 septembre 2011 à 23:43

    Très drôle plein d'humour j'adore tes récits de tournage, il faudra e faire un film (hahaha)

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  3. Punaise, toujours pas trouvé de 70-200? Je serais venu te le passer si je travaillais pas ce matin ! C'est naze !

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  4. le récit de ce tournage est passionnant. j'ai hate voir le résultat.
    courage cousin!

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  5. AHHHH! Enfin La Spatule va pouvoir faire la causette!

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  6. Bonne après! J'aimerais participer à les filmer. Il continue de partager ce matériel

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